Bristol aïe aïe aïe

Comme vous le savez, peut-être, déjà Namur est la ville d’où je viens et Bruxelles, celle où tu vis. J’ai, récemment, passé quelques heures à Namur et le fait de ne pouvoir répondre à la question « Où passais tu du temps avec tes amis, autour d’un verre, lorsque tu vivais ici? », posée par un ami, a fait que je réalise que j’avais oublié que cette ville n’avait d’accessible, aux personnes en fauteuils roulants que ses trottoirs. En ce qui concerne les lieux, on peut les compter, tant ils sont rares. 

Avant de quitter, définitivement, Namur j’ai passé un mois en Angleterre où, comme je  l’explique dans l’article du 5 mars, je découvrais les joies de l’accessibilité. Cette fois, j’en profitais plus longuement, que lors du séjour à Berlin, au point de m’y habituer. Comme je l’explique également, dans l’article, le voyage de Manchester à Bristol était marquant par la succession de diverses émotions, et par le fait que celui-ci se soit fait sans ma sœur, à la dernière minute, seulement avec mon neveu de huit ans.

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Bristol WheelchairInTheWild©

Une fois arrivés à Bristol, il nous faut attendre ma sœur car je ne sais où se trouve l’hôtel. Le temps est délicieux, nous pouvons donc attendre à l’extérieur de la belle gare de Bristol Temple Meads et faire un tour de temps en temps, pour distraire mon neveu, bercés par les chant des mouettes. C’est après quelques heures que ma sœur est arrivée, chargée de nombreuses valises puisqu’elle déménageait de Manchester. Nous nous apprêtions à prendre deux taxis pour nous rendre à l’hôtel, mais l’un des agents nous informe que le lieu se trouve à deux pas de la gare et m’indique comment m’y rendre en fauteuil roulant, pendant que  ma sœur et mon neveu s’y rendent en taxi. Cette aventure était intense, il est temps de nous reposer.

Dès le lendemain, une exploration de la ville s’impose. Nous ne le savions pas, mais nous étions en plein « Bristol Harbor Festival » , ce qui fait que nous avions accès à divers événements à travers les rues d’une bonne partie de la ville. Attention, à certains endroits, il y a des pavés similaires à ceux de Bruxelles. Ceux dont il vaut mieux suivre le mouvement, plutôt que d’y résister. Nous passons par un marché, prenons de quoi manger et nous posons sur la pelouse d’un jardin public, pour savourer notre déjeuner en assistant à un concert. Nous nous dirigeons ensuite vers une autre partie de la ville pour continuer notre visite et déguster quelques pâtisseries.

Sur le chemin du retour, une pluie d’été nous surprend. Nous étions plusieurs à être surpris. Nous nous abritions où nous pouvions et poursuivions notre route, lorsque la pluie se calmait. Certains hommes élégants mais pressés, n’hésitent pas à se couvrir de sacs-poubelles pour protéger leurs costumes et/ou leurs cheveux. Ce que j’aime en Angleterre, c’est que les gens sont habitués à l’extravagance vestimentaire ou cachent bien leur surprise face à certaines tenues peu conventionnelles. Du coup, personne ne se retourne sur ces hommes élégants dans des sacs-poubelles. Nous sommes en vacances, il fait chaud, la pluie par intermittence ne nous dérange pas, nous sommes heureux. Afin d’avancer plus rapidement et éviter que la pluie ne nous surprenne, mon neveu se trouve à l’arrière de mon fauteuil roulant et nous nous dirigeons vers l’hôtel.

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Bristol WheelchairInTheWild©

C’est là, alors que j’avance assez rapidement, que subitement, le fauteuil roulant s’arrête. Je l’éteins et le rallume, en espérant qu’il redémarre. Il redémarre. Ouf! Je continue d’avancer, avec mon neveu toujours à l’arrière… La chaise roulante s’arrête à nouveau. J’éteins, rallume, j’essaie de redémarrer et là, RIEN, rien ne se passe. J’essaie de ne pas alarmer ma sœur, qui continue devant nous, mais demande à mon neveu de descendre. J’essaie à nouveau. Toujours rien, ma sœur se rend compte que nous ne la suivons plus. Je lui explique donc la situation. Elle met le fauteuil roulant en mode manuel, heureusement que cette option existe, et c’est elle qui prend le contrôle du fauteuil roulant qui n’est pas léger.

Une fois à l’hôtel, nous gardons espoir… nous refaisons quelques essaies mais rien ne se passe. Alors, nous appelons le fournisseur en Belgique et lui expliquons la situation. Il nous donne quelques indications, mais aucun changement ne se produit. Ma sœur contacte des techniciens locaux, mais ils ne peuvent passer avant un certain nombre de jours, or nous devions être à Londres ce jour là. Nous prévoyions de visiter Bath, le lendemain, c’était loupé pour moi. Je propose à ma sœur d’y aller sans moi, elle tenait à visiter cette ville avant de quitter Bristol. C’est entendu. Les vacances sont gâchées, la déception est grande pour tous…

Le lendemain matin, je m’apprêtais à passer la journée dans la chambre d’hôtel, avec tout ce dont j’avais besoin à portée de main. Mais la sœur hors du commun, que j’ai, me propose que la visite de Bath se fasse à trois, comme prévu. Nous avons donc décidé de passer de bonnes vacances.

C’est en famille que nous nous dirigeons vers l’arrêt de bus qui nous conduira à Bath. Nous avions assez de temps d’attente avant le départ, alors ma sœur est allée faire une petite course en emmenant mon neveu. Vu que la chaise roulante était en panne, il était plus facile que je reste là.

Après quelques temps, des nuages gris apparaissent. Je me trouve hors de l’abri-bus et je n’ai pas de parapluie. Je me mets à espérer qu’il ne pleuve pas… Tu parles! Il se met à pleuvoir et pas qu’un peu. Un couple d’un certain âge arrive en courant avec des valises. Ils se mettent à l’abri et me remarquent. Etonnés, ils me font signe de venir m’abriter. Je leur dis que je ne peux le faire car mon fauteuil roulant ne fonctionne plus et je leur demande de m’aider. Ils m’aident alors à m’abriter. Ma sœur arrive, peu de temps après, inquiète, pensant me trouver sous la pluie.

 

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C. J.©
Bath modifié
Bath Photo modifiée – neveu retiré de l’image

Le bus arrive, le conducteur place la rampe d’accès, et nous y montons, tous les trois. Le trajet vers Bath n’est pas court mais, le paysage qui s’offre à nous, durant celui-ci, en vaut la peine.

Bath est une très belle ville et est pleine de charme. Ici les pavés sont larges et ne provoquent pas de brusques secousses. Comme dans toutes les villes anglaises visitées, les rues sont propres. Ce qui fait que ma sœur pouvait pousser mon fauteuil roulant sans devoir, en plus de cela, se soucier d’éviter la saleté due à l’incivilité. L’exercice aurait été beaucoup plus fatigant à Bruxelles et à Namur, par exemple.

Le soleil était maintenant de retour, nous avons pu savourer la visite de la ville et celle des Thermes Romains de Bath .  Malgré le fait de dépendre entièrement de ma sœur pour le moindre déplacement, je ne le vivais pas comme un handicap et personne, autour de nous ne semblait nous trouver étranges. Par contre, il est vrai que je culpabilisais du fait que ma sœur doive pousser la chaise roulante… Mais ça, c’est une autre histoire. Ici tout est fait pour qu’on se sente comme faisant partie intégrante de la société et la bienveillance règne entre les membres de celle-ci. 

Le lendemain, nous avions un train pour Londres, en attendant, nous profitions de nos dernières heures ici. Je me demandais quand-même comment les choses se passeraient, dans la capitale anglaise, vu l’état dans lequel se trouvait mon fauteuil roulant.

Cette histoire n’est pas terminée, je vous en dirai plus bientôt…

Avez-vous visité Namur, Bruxelles, Londres, Manchester, Liverpool, Bath ou Bristol? Qu’en avez-vous pensé? Par exemple, mon kinésithérapeute n’a pas trouvé belle la ville de Manchester. Je dois avouer que c’est une ville dans laquelle il faut passer plus de temps qu’un weekend pour l’apprécier et il faut rencontrer les locaux qui sont vraiment chaleureux. Que vous utilisiez un fauteuil roulant ou non, votre avis m’intéresse.

Prenez soin de vous et de vos proches,
« Petit Cyborg »