À nous

À toi, pour qui j’exagérais lorsque j’étais à cheval sur les règles d’hygiène dont on parle tant aujourd’hui.

À toi, pour qui je faisais partie de la catégorie des nareux, lorsque je te demandais de te laver les mains avant de me toucher.

À toi, pour qui se laver les mains était un « cadeau » que tu me faisais.

À toi, par qui je me suis parfois laissée toucher sans te demander de te laver les mains, par gène d’être perçue comme étrange.

À toi, de qui je dépends pour sortir de mon lit tous les matins, afin de vivre comme tout le monde.

À toi, qui m’annonce que le virus et toi étiez dans la même pièce.

À moi, qui pense à tous ces moments où je n’ai pas voulu paraître étrange, à tous ces moments où je me suis trahie.

À toi, qui ne prend pas la décision de t’éloigner de moi.

À toi, qui demande à celle qui fait partie de la catégorie de ceux « à risque  » de prendre cette décision à ta place.

À moi, qui dépend de tellement de gens pour vivre normalement.

À moi, qui doit à présent m’isoler de ceux de qui je dépends.

À toi, j’aimerais dire qu’à présent, j’assume d’être étrange, j’assume de vous demander à tous de vous laver les mains. C’est valable pour la période que nous traversons, mais c’est valable pour tout le temps.

Lorsque nous aurons traversé tout ça, parce qu’ensemble nous le traverserons, j’espère que nous retiendrons que la bienveillance doit faire partie de nos vies, en tout temps.