Handicapé.e

Il y a quelques jours, quelqu’un m’a dit « Tu es intelligente, sans doute parce que tu as dû compenser ce que tu n’as pas physiquement, pour séduire un homme », ou encore  » Peut-être que tu as du mal à dépendre des autres, tu as du mal à accepter ton handicap et du coup, tu essaies de contrôler et de faire les choses à ta façon » .

Parce que parfois certaines déclarations me laissent pantoise, je n’ai rien su répondre à cela. Alors, c’est ici que je vais l’écrire, parce que j’ai besoin de le faire sortir pour éviter de me transformer en un être grincheux, parce que j’aime trop la vie pour ça… Je vais essayer de faire en sorte que cet article ne parte pas dans tous les sens, mais j’ai comme l’impression que ce sera un exercice difficile. Excusez-moi d’avance…

Compenser une déficience physique par l’intelligence… hm… il faudrait voir si il y a des études sur la question. Mais je pense qu’elle n’a pas assez d’éléments sur moi, ni les compétences pour l’évaluation de mon intelligence. Avoir du mal à accepter mon handicap… hm… voyons voir… Etre handicapée par mon environnement, est-ce une source de joie? Non. Sinon, je ne m’engagerais pas pour plus d’accessibilité ☺. Est-ce que j’aime que mon environnement me limite? Non. Ah… ce n’est pas de ça qu’on parle… C’est plutôt du fait d’avoir une déficience motrice… d’accord. Est-ce que j’aime mon corps? Oui, j’aime chaque partie de mon corps, chaque carré de peau, chaque chair, chaque os. Est-ce que parce que j’ai une déficience physique j’ai développé certaines habilités? Oui, un sens pratique, une capacité à rapidement trouver des astuces, un grand sens de l’observation et de repérage de ce qui pourrait m’être utile. Est-ce que cela est important dans le processus de séduction? hahaha… Je n’en ai jamais entendu parler.

Je n’ai aucun mal à dépendre des gens, je suis très heureuse et reconnaissante que des services d’aide à la personne, ou les soins infirmiers existent. Sans cela, je ne pourrais pas prétendre avoir une vie indépendante. Parce que c’est en dépendant de ces services que je peux être indépendante. On ne reproche jamais à une personne sans déficience de vouloir faire les choses à sa façon, alors pourquoi voyons-nous, parfois, comme un défaut le fait qu’une personne qui a une déficience veuille mener et organiser sa vie elle-même? J’entends parfois, des caractéristiques comme « exigent.e.s », pour qualifier celles et ceux qui ont des déficiences et qui essaient de vivre indépendamment. Pourquoi trouvons-nous étrange ou dérangeant qu’elles veuillent avoir le contrôle et un mot (des mots) à dire sur ce qui a une influence sur leur vie? Les phrases citées au début, m’ont été adressées par quelqu’un qui travaille dans le domaine du service d’aide à la personne. Heureusement, tous et toutes ne sont pas comme ça dans le domaine. C’est en tant qu’individu qu’elle a réagi, pas en tant que professionnelle dans ce domaine.

Je trouve important de se remettre en question, alors, je me suis adressée à deux ami.e.s pour leur poser la question en ce qui concerne le fait qu’il se pourrait que je vive mal le fait d’avoir une déficience et j’ai été rassurée par leur réponse négative. Je trouve qu’il y a une différence entre se laisser handicaper par son environnement en ne dénonçant pas ce fait, et avoir une déficience qu’on accepte et avec laquelle on vit très bien. Je sépare les deux. Oui, j’ai une déficience, mais je ne suis pas toujours handicapé.e. Le handicap est, pour moi, à éliminer. Je fuis ceux et celles que je dérange par ma volonté de liberté, ceux qui ne m’aiment qu’handicapé.e.

Avoir vos avis, même contraires, m’est enrichissant, j’espère vous lire…

Prenez soin de vous et de ceux que vous aimez,

Petit Cyborg