Oups

Vendredi dernier, j’ai publié une photo (voir Facebook) sur laquelle on pouvait voir une voiture de police faisant barrière à toute personne en fauteuil roulant, pour qui l’utilisation des plans inclinés est une nécessité. Je dois vous avouer que bien que j’aurais préféré que ce genre de situations n’ait pas lieu, cette scène ne m’était pas étonnante. Je vais vous dire pourquoi…

Cela fera bientôt six ans que je vis à Bruxelles et bien que je critique souvent cette ville, je l’aime. C’est d’ailleurs parce que je l’aime que je la critique… si un jour je cesse de la critiquer, positivement ou négativement, sachez que je ne l’aime plus.

L’une des raisons pour lesquelles je critique la capitale européenne est qu’elle pourrait être plus accessible à ceux qu’on classe dans la catégorie des personnes à mobilité réduite, car elle ne manque pas d’architectes intelligents et de gens qui ont besoin de ces adaptations. Pour le moment, ces derniers sont parfois contactés pour donner leurs avis sur des aménagements faits ou à faire, plutôt que considérés comme experts. Mais sans eux, il est compliqué de se rendre compte des réels besoins de nos villes en ce qui concerne l’accessibilité des lieux et transports.

Je ne dis pas que Bruxelles est une ville complètement inaccessible à ceux en fauteuils roulants, aux parents ayant des poussettes, aux non-voyants ou malvoyants etc. , mais j’affirme que cette ville a du potentiel et qu’elle est loin de ce qu’elle pourrait atteindre comme niveau d’accessibilité. Dernièrement, durant une conférence dans le cadre de mon boulot, l’expert disait qu’il espérait que dans 30 ans une inclusion réelle soit possible, il a précisé qu’au vu de l’état d’avancement actuel, il ne voyait pas cela se produire avant. Je dois vous avouer que j’ai eu un sursaut, dans la mesure où dans 30 ans, je ne sais pas ce qu’il en sera pour vous, je ne pense pas être assez motivée, ni avoir envie d’être assez motivée, pour m’insurger en ce qui concerne l’inaccessibilité des transports et des lieux. Après tout, j’aurai vécu toute ma vie dans des environnements inadaptés, ma vie ne devrait donc pas changer négativement… Je ne me retrouverais pas du jour au lendemain exclue des lieux et transports publics. Par contre, pour celui/celle qui a la trentaine en ce moment, et n’a aucune déficience motrice, il vaudrait mieux s’activer pour que dans quarante ans, sa ville soit inclusive, car il/elle risque de se retrouver exclu(e), lorsque les déficiences liées à l’âge commenceront à apparaître. Alors, lorsque, aujourd’hui, je m’active ce n’est plus en pensant à moi que je le fais, car je dois vous avouer que les choses avancent très lentement et j’ai l’habitude de l’inaccessible. C’est donc pour ceux/celles qui ne savent pas ce que c’est d’être exclu(e)s que je le fais. Il faudrait donc que vous aussi qui ne vivez pas l’exclusion, aujourd’hui, vous activiez pour faire changer les choses car vous êtes les premiers concernés. Sinon, le courage ne sera pas suffisant dans quelques années.

Lorsque j’ai publié la scène du véhicule de police, sur la page Facebook portant le même nom que ce site, ce n’était en aucun cas pour que certains soient punis ou qu’on leur explique qu’il ne faut pas faire ce qu’ils ont fait, parce que c’est mal ou parce que certains vont ENCORE se plaindre. Mais parce que cette scène me montre que l’inclusion commence sur les bancs des écoles. Elle commence lorsque dans ton école, tu es habitué(e) à côtoyer ceux/celles qui ont des déficiences motrices et d’autres qui n’en ont pas. Lorsque tu es habitué(e) à voir des plans inclinés, des ascenseurs, des portes automatiques etc. et que tu sais pourquoi elles sont là. Tu sais qu’elles sont là pour permettre à ton ami(e) d’être, comme toi, libre de ses mouvements. Les policiers responsables du véhicule sur la photo, est l’un des symptômes d’une carence dans notre système éducatif. Ce système qui fait qu’on peut faire toute sa scolarité sans jamais croiser de personnes en fauteuils roulants, parce qu’elles sont trop « spéciales » pour fréquenter les écoles classiques.

Lorsqu’une voiture de police figure dans une scène comme celle décrite, il n’y a aucun doute en ce qui concerne le fait que la ville, dans laquelle se trouvent ces policiers, manque d’inclusion. Faisons en sorte que le changement vers l’inclusion de tous se fasse plus rapidement pour éviter de nouveaux exclus.

Prenez soin de vous et de ceux que vous aimez,

Petit Cyborg